Dont l'entreprise Rejeaunier à Luz
Pendant très longtemps les montagnards fabriquaient eux-mêmes leurs vêtements en laine ou en lin. L'autarcie était presque totale. Chaque foyer avait son troupeau de mouton, fournisseur de matière première et son champ de lin. Des marchands ambulants venaient les jours de marché, proposer des vêtements aux tissus et motifs inconnus dans l'arrière- pays. Vers 1825, un Lyonnais du nom de Charles Rejaunier, vint s'installer à Luz, afin de moderniser et d'industrialiser la production locale, surtout avec des tissus imprimés. C'est ainsi que furent mis sur le marché : châles, écharpes, fichus. Les châles à motifs cachemire aux nombreuses arabesques colorées, dont l'origine vient des troupes de Bonaparte de retour d'Egypte, firent alors fureur; surtout les châles à fond sombre. Mais ceux-ci, dits de Barèges, avaient de nombreux concurrents venant de Lyon, Paris, Nîmes et Genève.¨Par ailleurs de nombreux tisserands dans la région, dont certains à Sazos (vallée de Luz), fabriquaient draps, mouchoirs et serviettes
Charles Rejeaunier secondé dans son entreprise par Rouillet fut aidé dans son activité par la duchesse de Berry (Marie Caroline de Bourbon-Sicile) de passage dans la région du 18 juillet au 3 septembre 1828. La manufacture devenait le lieu incontournable des légitimistes, partisans de son fils Henri d'Artois, duc de Bordeaux qui devait devenir le souverain de la France sous le titre d'Henri V. Aussi ce fut en son honneur que lors de son passage à Luz, le 8 août, Charles Rejeaunier lui offrit officiellement une robe de crépon barèges (1) et par la suite fit réaliser un tissu qui allait devenir à la mode et qui représente Marie Caroline avec son fils habillé en Ecossais, lors de son séjour forcé en 1832, au château de Blaye. La maison actuelle en abrite un exemplaire.
(1) Annales du Midi, 1936 par Pierre de Gorse, p 252 à 292
Lithographie de Jacottet.
L'arrière de la maison. Photo J. Omnès
Portrait de Rejeaunier Bois d'impression
Bois d'impression
Parmi les villages de tisserands nous avons
Gaillagos (Val d'Azun)
Ci-dessous photo de la maison du principal tisserand. Alors que les ateliers de Réjaunier de Luz déclinent après sa mort en 1841, pour cesser toute fabrication en 1885, avec l'arrêt des huit métiers, les tisserands de la vallée continuent leurs productions. Elle durera jusqu'en 1914.
La maison Ballet sur la photo est celle du dernier tisserand de Sazos. Ces tisserands étaient réputés pour leur savoir-faire. Ils fabriquaient des courdelhyats ou cordeillats; râsos et estaminos.
LOURDES : DE LA CITE PORCATIERE A LA CITE LAINIERE
Texte sur FB le 22 11 2024
Des carrières aux ardoisières en passant par la sylviculture et les élevages de mules et de porcs gardés par Sanson au bord du rocher Massabielle, il ne reste plus rien. Massabielle est devenu le centre d’une nouvelle richesse, celle de l’hôtellerie occultant dans sa totalité, la riche histoire de Lourdes.
Sachant que les religions comme les civilisations, après un point culminant prennent une courbe descendante, aucun plan B n’a été envisagé, assuré que la manne céleste continuerait à tomber sans grande nécessité d’adaptation au XXI e siècle.
Nous avons pu avoir quelques entreprises comme Séral, la Ciergerie, l’ex Toupnot et la Seb, mais pas assez pour attirer une main d’œuvre de jeunes. Il y a eu la tentative de l’équipe Bourdeu pour un centre de réparation de cars. Feu le centre. Il y a eu un positionnement sur le cyclisme et ses atouts économiques, mais nous avons été vite dépassés par Loudenville et Bagnères avec Octave et son Palais du vélo du dynamique Remi Laffont, qui n’a pu trouver une situation favorable à Lourdes.
La filière laine
Il se trouve qu’après une période de grande intensité avec les draps de Barèges et l’industrie textile de Rejeaunier à Luz, la laine des nombreux troupeaux d’ovins du pays revient en force après des sélections régulières de brebis et de leur laine, dont celles de la race lourdaise. La laine qui gratte a pratiquement disparu et le produit est devenu un produit de qualité, haut de gamme.
C’était l’opportunité pour la ville de se placer sur ce créneau aux différents produits dérivés : vêtements, paillages, isolant thermique, calage de contenant, matelas.
Les trois jours consacrés à la laine en novembre 2024, ont permis de nous rendre compte que les actions proposées étaient surtout basées sur la demande et non l’offre. Ce qui a donné naissance à la boutique éphémère de la place de Mgr Peyramale. Boutique sans enseigne (pour le moment ?).
La plupart des intervenants de ces journées étaient des jeunes désireux d’en apprendre plus pour leur propre activité d’élevage et de production représentée par quelques entités en val d’Azun et dans la vallée de Batsurguère (2). Si cela permet à des jeunes de rester dans le pays, c’est une bonne chose, mais cela n’engendre guère une activité industrielle d’ampleur et de notoriété.
Nous avons constaté que les activités industrielles autour de la laine se situaient, en dehors de la Carde de Luz, en Béarn plus ouvert aux innovations, et dont le fleuron est Ouatbox.
Sur le constat de l’offre qui n’a pas été abordé nous savons qu’il y a 6 600 000 ovins en France produisant 14 000 tonnes (1). Une grande partie est détruite, une autre exportée en Chine et une autre lavée en Espagne, en Belgique, et au Pays du Gévaudan qui abrite l’unique unité de lavage de France avec des machines de l’époque d’Eiffel ! Elle lave 1, 5t par jour (3).
Le triage-lavage est la pierre angulaire de cette activité et l’idée du maire de Lourdes de créer un centre de lavage moderne dans l’ancien centre de dialyse était excellente, encore fallait-il être au courant des derniers procédés techniques et trouver des mécènes prêts à se lancer dans l’aventure. Il n’y avait aucun investisseur lors de ces colloques et Tricolor est plus axé sur les débouchés et les qualités des laines que sur le travail en amont.
Nous devons espérer que le projet se trouve toujours dans les cartons, sans lui, la rue de la Laine de Lourdes ne serait qu’un vague espoir.
(1) Chiffre AgriDemain
(2) De Laine et de bois, Knitty and Woolly, Laine en SY, Val d’Arizes
(3) Chiffre usine du Gévaudan
Ouatbox en Béarn récupère toutes sortes de laines pour réaliser des calages de contenants en acrton. Photo J Omnès
L’usine de lavage en question :https://www.youtube.com/watch?v=u-UGyiyeKHo