Le Lavedan, riche en calcaire fut dès les âges les plus anciens, un grand fournisseur de chaux extrait de ses pierres. Les Romains ont largement utilisé comme liant, ce matériau facile d’élaboration. Les Wisigoths et leurs successeurs continuèrent de l'utiliser comme mortier, jusqu’à l’apparition du ciment au XIXe siècle. Aussi le pays est-il couvert de fours à chaux dont la quasi-totalité actuellement, sont à l’état d’abandon, mais ils n’en constituent pas moins une partie de notre patrimoine industriel, qui un jour, espérons-le sera pris en considération. Témoin des usages et du savoir-faire ancestral, ce petit patrimoine interpelle.
Généralité
"Un four à chaux est une structure de cuisson permettant de transformer la pierre calcaire en chaux par le biais de sa calcination. La chaux est définie comme un corps minéral. Sortant du four, la chaux est dite « vive », une fois hydratée, elle est « éteinte » et utilisée en construction ou en agriculture. « C’est à la fois un amendement qui favorise l’ameublissement des sols compacts, argileux et lourds, en augmentant leur perméabilité à l’air et à l’eau. C’est aussi un engrais qui favorise la croissance des plantes, dans ces conditions, un matériau hautement utile dans les sociétés rurales" (1).
(1) Extrait du mémoire en deux volumes de Lisa Jamet Chopin, Produire de la chaux dans les Pyrénées à la période contemporaine (Montaut-Saint-Pé-de-Bigorre) Université de Pau, 2019 vol. 1, page 13
La chaux
Ce calcaire ou carbonate de calcium peut être plus ou moins pur. En fonction de sa pureté, il peut fournir différents type de chaux. En gros : la chaux maigre, la chaux grasse et la chaux hydraulique.
Four à chaux
Coupe four à chaux. Dessin rando83, ccfa.
Les emplacements
Ces fours dans la région étaient très souvent édifiés près des fermes, car ils participaient à l'économie des familles pour lesquelles ils apportaient un complément de ressources ou/et une diminution de frais quant à l'utilisation du produit fini pour l'épandage dans les champs (fertilisant ) ou comme matériaux de construction. Mais le pays calcaire ne manquaient pas de carrières et de forêts de chênes, hêtres ou sapins, nécessaires à leur alimentation. Elles étaient souvent proches. Ce qui évitait des frais de transport.
La plupart étaient des fours de dimensions restreintes : de trois mètres de diamètre pour quatre mètres de haut. De pierres résistantes au feu et réfractaires pour la voute, ils étaient souvent accolés sur une déclivité de terrain, afin d’économiser la construction d’un mur de fond.
La législation
Les principales dates de la réglementation générale sont :
1667 : Ordonnance sur le fait des Eaux et Forêts
1791 : Convention générale des Forêts
1801 : Administration générale des Forêts
1810 : Code Forestier
Les fours
D’après les archives des Hautes-Pyrénées, série 5M, les nombreux fours à chaux avec leur date de construction ou de concession (entre 1818 et 1861), sont les suivants :
Les fours du Lavedan par ordre alphabétique
Adast
Agos-Vidalos
Argelès
Artalens
Ayzac-Ost
Beaucens, 3 concessions
Cauterets, 9 concessions
Estaing
Ferrières
Gazost
Gèdre près de 16 concessions
Lau-Balagnas
Luz-Saint-Sauveur, 7 concessions
Omex, 4 concessions
Ossen
Ourdis-Cotdoussan
Ousté
Ouzous
Pierrefitte-Nestalas, 8 concessions
Sazos
Ségus
Soulom, 5 concessions
Viscos, 3 concessions.
Les autres :
Mais leurs implantations et importances s'inscrivent plus dans une économie rurale ancienne d'autonomie, perçue comme une activité de « complément », que dans une économie d'expansion industrielle. Rares étaient les fours comme ceux de Cazaux- Moutou à Lourdes qui pouvaient se targer de l'appelation "four industriel" et dont le produit était commercialisé à grande échelle.
Four restauré d’Agos intérieur et extérieur. Photos J.Omnès
(1) À Saint-Pé-de-Bigorre l'implantation des fours avec les demandes à la mairie des mises à feux ont été collectées par Lisa Jamet-Chopin avec sa thèse de l'Université de Pau : Produitre de la chaux dans le Piémont pyrénéen à la période contemporain (Montaut 64 et Saint-Pé- de- Bigorre 65)
Agos
La commune était riche en gisement de calcaire, aussi de nombreux fours furent édifiés près de ces gisements. Hubert Mathieu ancien maire de la commune a en dénombré quelques un
En premier celui d’Agos de Raymond Cabageu (1772). C’est celui qui vient d’être restauré en 2010, près de la porte d’accueil des vallées des Gaves.
Suivent quatre fours privés dont il ne reste que des ruines :
Le four de la maison Doumec, en bordure du parking de la Porte de Vallées sous le chemin des Vignes. Sa carrière se trouve à 100 m au-dessus du chemin. Pour y accéder prendre le chemin des Vignes, route qui donne accès à Agos en montant, derrière le four restauré. A 100 mètres, descendre à gauche le chemin de terre qui donne accès à un champ. A mi- chemin, dans la broussaille, on découvre les restes du four. Vu la proximité du chemin et du parking public, sa rénovation serait la bienvenue.
Àtravers les broussailles, restes du mur. photo J. Omnès
Restes du four. Photo J. Omnès
Le four de la maison Hourcade au nord du parking de la maison de la Porte des vallées. Restauré en 1940, sa carrière se trouve à 100 m au nord, sur le terrain communal
Le four de la maison Soupène en bordure du chemin d’Arnau, près de la maison neuve. La carrière est en face à l’Est sur le Nagéou (la colline arrondie) On peut voir quelques blocs de chaux durci.
Et le four de la maison Poume sur le chemin de Poume-Barrade vers les Escalas.
Esterre (près de Luz-Saint-Sauveur)
ESTERRE- DECOUVERTE DE L’EMPLACEMENT D’UN FOUR A CHAUX MEDIEVAL
Lors de la restauration de la grange foraine, au lieu-dit les Arailles (1), proche du château de Sainte-Marie à Esterre et de sa transformation en auberge municipale, il a été trouvé en 2023, les restes d’un four à chaux. Il était enterré, dans la butte adossée au mur ouest. Elle a été arasée pour réaliser la sortie de secours de la future auberge, les entrepôts et les toilettes.
Le chantier a été réalisé sous la surveillance de la Drac et de la Fondation du patrimoine qui a permis de transformer cette grange foraine en auberge de caractère, en conservant les usages de construction à l’ancienne.
C’est Catherine Viers de l’Inrap de Toulouse qui a fait procéder à une datation au carbone 14. Elle fait ressortir d’après l’étude des charbons, une utilisation qui va de à 1324-1355. Il a été utilisé au moins deux fois (2) Probablement à l’époque où ledit château était occupé par les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Ce four devait pense-t-on, servir à faire du liant pour une éventuelle reconstruction.
Le restaurant a pris pour nom la Grange du château
(1) Lieu pierreux
(2) courriel de Catherine Viers du 14/10/2024
PS le résultat de la fouille se trouve au Service régional de l’architecture de l’Occitanie (SRA)Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. (Toulouse)
Emplacement de la grange. Photo Fondation du patrimoine
La motte qui a été arrasée. Phto fondation du patrimoine
Dossier Inrap et Drac
A la place de la motte, à gauche réserves, à droite sortie de secours. Photo J. Omnès
Geu
Les environs du sud de Lourdes étaient également riches en carrières de pierre à chaux, aux pics du Jer, du Pibeste, à Geu, Viger et Calypso.
La dernière exploitation du Lavedan se trouve à Geu. Elle produit de la chaux pour les amendements agricoles, sous la marque MEAC. http://www.meac.fr/pourquoi_amender/sos_agro/melange_fumier_et_lisier-638.aspx
Carrière à chaux de Geu Juillet 2012. Photo J. Omnès
Lourdes
Lourdes n’a jamais été fervent défenseur de son patrimoine préférant raser plutôt plutôt que restaurer ou rénover. Sont ainsi partis dans les trappes de l’histoire pour des raisons diverses, les murailles et les tours de défense, la tour- porte du Baous, l’église millénaire, la Poste, nombre de moulins, la place Peyramale et son bassin, etc.
En dehors de la tour de Guigne (Garnavie) le rare bâtiment patrimonial abrité par la ville, aussi inconnu que l’était la tour du moulin est le four à chaux. Il est pourtant inscrit à l’inventaire des MH.
Le four à chaux Cazaux-Moutou
C’est l’un des principaux fours de la ville qui s’alimentait dans la région proche en pierre à chaux. Véritable usine à chaux, il a entraîné avec ses annexes composées de divers ateliers, écuries pour les ânes, maison de gardien et maison de maître, son inscription à l’Inventaire des Monuments historiques en octobre 1990.
Construit en 1860, en pierre de moellons équarris, il est légèrement tronconique. Il est soutenu dans sa partie aval par un contrefort, ceinturé dans sa partie haute par une étroite armature en béton ; la plateforme du four est surmontée d'un lanterneau en tôle ondulée.
Historique
Il a été réalisé en 1860 par Jean-Marie Cazaux-Moutou, avec extension en 1880, période de son apogée. J-M Cazaux-Moutou est devenu maire de la ville entre 1896-1900, puis entre 1901 et 1904. Sorti major de l'École des Arts et métiers d'Angers, il s'est formé aux établissements Schneider du Creusot. Il fit ajouter aux angles de la plateforme du four, deux têtes de mouton sculptées en pierre, en forme de gargouille rappelant son origine patronymique. L'usine s’est arrêtée vers 1960, suite à la flambée du prix du charbon.
Depuis son arrêt, aucun travaux de maintenance ou de protection n’ont a été engagés, pas plus que de visites patrimoniales envisagées. Un comble pour un tel site qui a entraîné le gel de certaines constructions dans le secteur.
Il serait temps d’engager un projet de réhabilitation.
Accès
Au niveau du 42 avenue Maréchal Foch (Cadastre CT5, 17)au but de l’impasse au lieu-dit Le Rocher
Les bâtiments annexes du four Cazaux-Moutou. Photos J. Omnès
Photos J. Omnès (tête de bélier) et M-C Castro (four et annexes)
Vue du rocher
Anclades
Les autres fours proches de Lourdes, se trouvaient sur le site de la Couradette à l'entrée du hameau d’Anclades, côté ouest, à la base du Pic du Jer, à l'écart de la route qui traverse l'agglomération en direction de Jarret, en face du beau pigeonnier. Deux fours à chaux jouxtaient la carrière des pierres calcaires servant à la chaux (L'autre production était le marbre servant aux travaux publics et aux ouvrages d'art.). De l'exploitation, il reste une cheminée en moellons. C’est l’une des dernières exploitations de la région. L’historique de ces carrières étudiées par M Mézailles, permet de comprendre les problèmes inhérents à ce genre d’exploitation.
Carrière Photo J. Omnès En face, cheminée de l'ancienne exploitation. Photo J. Omnès
Débris de la carrière. Photo J. Omnès, juillet 2012
Résumé des exploitations d'Anclades (hameau de Lourdes) d'après l'étude de M Mezailles :
a) Une adjudication de Mai 1876 concédée à Jean- Marie Fourcade sera résiliée un mois après, car l'exploitant ne peut effectuer des tirs de mine, le voisin ayant fait défense d'envoyer des pierres dans son pré, distant de la carrière de 6 mètres seulement.
b) En Septembre 1912, le Préfet Canal autorise les époux Arquié d'ouvrir un four à chaux. En Février 1914, Mme Vve Arquié désire mettre en exploitation la carrière à ciel ouvert.
c) Le 1er Janvier 1926, la reprise du chantier de la Couradette se fait par la concession des terrains communaux accordée à Clément Capdevielle, jusqu'au 31 Décembre 1955.
Le 26 septembre 1928, Clément Capdevielle crée la "Société des Fours à chaux, marbres et graviers du Pic du Ger. Mais M. Capdevielle ne remplit pas ses obligations vis-à-vis de la Ville qui l'assigne en Février 1928, en résiliation de bail. Le 18 avril 1930 est prononcé le jugement qui résilie le bail et notifie l'expulsion de l'adjudicataire. La Société des Fours à chaux se substitue à lui jusqu'en 1933 pour le règlement du litige.
En mai 1931, est réalisée l'expertise des biens de la carrière qui se composent de : un hangar en maçonnerie, c'est l'entrepôt de la chaux et le quai de chargement des véhicules ; une maison d'habitation du contremaître ; deux fours à chaux; une passerelle avec voie Decauville et wagonnets; la grande cheminée en moellon ; la salle du compresseur, bâtiment en maçonnerie avec station d'air comprimé ; la carrière de marbre, nettement séparée ; trois camions.
Cet inventaire prouve l'importance de la carrière. La résiliation effective du bail interviendra deux ans après.
Un autre carrier, Auguste Capdevielle, demande de prendre la carrière. Il obtiendra l'autorisation en Octobre 1935, mais "à ses risques et périls". En Juin 1936, l'adjudication en Mairie lui sera accordée pour 3 ans sur la carrière de pierre à chaux et sur la carrière de marbre. En fin de bail, Auguste Capdevielle se dirigera vers Ger Mayou.
En Août 1938, lors du renouvellement du bail, aucun candidat ne se présente. Puis se dessine une offre de la Société industrielle des Pyrénées de Bagnères, mais en décembre, la Mairie donne une réponse négative, car les tirs de mine exigés ne peuvent être accordés.
d) Dernier exploitant : le 17 Décembre 1940, l’entrepreneur Antoine Béguère (ancien maire de Lourdes 1953-1960) va occuper la carrière.
Le 11 Août 1942, M. Béguère informe le Conseil municipal qu'il va installer une ligne électrique pour ses compresseurs depuis la route de Bagnères, par suite de la pénurie de carburant liquide.
Le 1er Septembre 1942, le bail d'exploitation est prolongé jusqu'au 30 Juin 1960.
Depuis cette date, la carrière et les fours à chaux sont abandonnés. Ils présentent un état de non entretien regrettable, car de nombreux randonneurs partent de cet emplacement pour l'ascension du petit Ger.
Dans les environs de Lourdes
FOURS A CHAUX DE LOURDES ET SES ENVIRONS
Avec ses deux importants sites de four à chaux : Anclades (Couradette) et Le Rocher (Cazaux- Moutou,) la ville et ses environs abritent encore quelques ruines inconnues du grand public. Grand consommateur de bois, ces fours sont souvent situés près des forêts, quand ils ne sont pas proches des carrières de pierre à chaux. Ce sont ceux :
1) de la ferme Abbadie, il a été édifié en 1828, par Antoine Pontico Barron à la sorte de la forêt de Subercarrère en se dirigeant sur Rieulhès, sur le côté droit de la route. Il s’agit de la seconde ferme Abbadie, celle qui se trouve derrière la première qui est communément connue sous le nom ferme du Bon Air. Les nouveaux propriétaires, la famille Vergez, n’a jamais entendu parler de four à chaux. Sa ruine mentionnée sur le cadastre napoléonien de 1812, se trouverait sur la gauche de la ferme au milieu du chemin, d’après les coordonnées Lambert 3 données par Alain Dole : 399.333, y = 3091.646 à 385 m d’altitude, il s’agit sur place d’un immense champ sans aspérité. Le seul endroit susceptible d’avoir abrité un four à chaux est situé sur le mamelon à droite du chemin, abrité par un conifère. Quelques présences de galets laissent à supposer l’existence d’un petit édifice dont les pierres auraient pu servir à l’amélioration du chemin boueux jouxtant un ruisseau. Les coordonnées Lambert 93 prises sur place sont 445850.0, 6227170.2.
2) de la ferme Cuyaubère, au bout de la route du bois de Subercarrère, après les fermes Abbadie sur le côté gauche tout en hauteur. Les propriétaires actuels sont aussi la famille Vergez de la ferme Abbadie. Il a été érigé en 1855, par Etienne Théas Menigou. Là, également les propriétaires n’ont pas connaissance d’un ancien four à chaux, qui serait d’après les coordonnées Lambert 3 données par Alain Dole, au point x= 339.907 y = 3090.777 à 441 m d’altitude. Celles de la ferme même, prises sur place en Lambert 93 sont : 3445723.1, 6226887.3.
3) de la ferme Sarastets, il a été édifié en 1843, par Joseph Mégerville , au sud du lac de Lourdes). A l’est de la ferme Larrouy et de son lac éponyme. Il faut prendre le premier chemin qui monte à droite après le passage à niveau de Vizens. La ferme se trouve sur les hauteurs. Les ruines du four entouré de ronces se trouvent sur le côté droit, à 10 m, de la ferme en regardant la façade de la ferme. Elle appartient actuellement à la famille Pinto. Les coordonnées Lambert 93 prises sur place sont : 448557.93, 6227550.2. Les coordonnées Lambert 3 donnés par Alain Dole sont x= 402. 495, Y= 3092. 266 à 455 m d’altitude. Ce qui le situe quelques mètres plus au nord.
Emplacement des trois fermes
Site supposé du four de la ferme Abbadie
4) et du cimetière de l’Egalité. Erigé en 1878, par Théodore Clos. Sur les deux fours réalisés, il reste visible un bâtiment tout en rond, genre de tour derrière le 5 du chemin de l’Arrouza à l’adresse de Monsieur S. qui pourrai éventuellement être le propriétaire de cette ruine. Le site est visible du fond de la cour du 32 rue des Pyrénées, derrière la Résidence Saint-Savin. Les coordonnées Lambert 93 prises sur place sont : 451556.3, 6226340.3. Celles en Lambert 3 présentées par Alain Dole Lambert sont : x= 405. 687, y = 3090.961 à 380 m d’altitude
5) Il y aurait eu un cinquième four qui a disparu et qui aurait été érigé au quartier Paradis d’après les coordonnées Lambert 3 proposées par Alain Dole : x=405.453 , y=3090.616. En cherchant le point avec ces coordonnées, on se trouve entre la rue Pene Taillade et le chemin de l’Arrouza. Un peu loin semble-t-il du quartier du Paradis. Il n’ya aucune trace d’un éventuel four à chaux.
Four du Paradis ?
Aspin
Le censier de 1429 cite un enclos et un four à chaux dont il ne reste que les fondations. En 1512, deux habitants du village d'Aspin, étouffés par les décombres d'un four à chaux, probablement le même, voient une belle demoiselle venir à leur secours. Miracle publié en espagnol par l'abbaye de Montserrat en 1540.
Ouzous
Au pied des grottes de la Gleisette, emplacement d'un four à chaux qui a disparu. Panneau explicatif.
Ou , en montant à la sablière, il faut prendre à droite le chemin marqué d’une flèche noire. On redescend alors sur le village d’Ouzous et en bas, le four à chaux se trouvait en bord du chemin. Déception, il ne reste plus rien si ce n’est un creux et quelques morceaux de pierre à chaux. Heureusement un tableau explicatif nous informe sur ce four disparu.
Pierre à chaux
Peyrouse
Voir St Pé
Saint- Pé
Ce four construit en 1858, a appartenu à Jean-Pierre Jacob, puis Henri Latapie Caubolle puis à la famille Gaye jusqu'en 1920. Ses cooordonnées Lambert 93 sont X= 442092, 04, Y= 6226394, 39
Photos Omnès 2018
À l'intérieur
- badigeon des murs, sous forme de lait de chaux naturel ou coloré,
- fresques murales : peintures réalisées sur des enduits frais,
- réalisation de stuc et de faux marbres,
- pour la fertilisation des sols par amendements calcaires ; pour remonter le ph des terres acides,
- bactéricide par badigeonnage du tronc des arbres,
- antiseptiques badigeonnages des étables,
- préparation de sels de calcium en chimie.
On peut affirmer que nous sommes en train de redécouvrir les qualités intrinsèques de ce matériau et que les nombreuses rénovations des bâtis traditionnels lui offrent une belle perspective d’avenir. Pour ceux qui désirent découvrir ou redécouvrir la chaux : http://www.ecoconso.be/Redecouvrons-la-chaux
La Société d’Études des 7 Vallées dans son numéro Lavedan et pays toy no 35, a réalisé un article sur les fours à chaux, sous la plume de Georges Peyruc.
Fours à charbon de bois
Le charbon de bois.
Depuis les temps les plus anciens l’homme a dû utiliser la combustion lente du bois ou carbonisation pour alimenter nombre de ses industries : du goudron résiduel pour les cordages, les soutes de bateaux, les embaumements dans les temps les plus anciens jusqu’aux gazogènes (1940-45), aux réchauds, barbecues en passant par les forges et les mines (surtout au XVIIIe siècle), du fait de son pouvoir calorifique 7 à 8 000 kilocalories. L’apparition du charbon minéral, puis du propane et du butane et de la fin des gazogènes entrainèrent la diminution considérable de la production du charbon de bois consacré alors essentiellement à l’alimentation des barbecues.
Sa fabrication
Cette carbonisation s’obtient par une combustion lente du bois par la chaleur et l’absence d’air. Au départ à 100 ° C l’eau s’évapore, à 150 ° C le reste de vapeur d’eau entraine l’acide acétique. La chaleur augmente lentement jusqu’à 450 °C, en évacuant vers 280 °C acide acétique et alcool méthylique qui amène vers 300 ° C, la phase exothermique de la carbonisation. Comment procède-t-on ? On choisit les bois les plus durs, comme le chêne vert, le charme, le hêtre et même le cep de vigne. Coupé en buchettes de 20 à 60 cm de long et 4 à 8 cm de diamètre, elles sont superposées en forme de meule ronde de 2 à 3 m de diamètre et de 1, 50 m de hauteur sur un terrain plat, propre de toute aspérité (faulde), à l’abri de tout courant d’air. Les rondins placés debout, les plus serrées possibles, autour d’une cheminée centrale sont recouverts d’une épaisse couche de mousse et feuillage, elle-même recouverte d’un mélange de 6 cm de terre (sable et argile). On introduit le feu par de la braise jetée dans la cheminée. Quand la combustion est active, on bouche la cheminée. Peu de temps après, on perce quelques ouvertures ou évents à partir du haut. Lorsque la fumée qui en sort devient bleu clair, on continue le percement d’évents dans une région plus basse à 20 cm ou 30 cm des derniers trous, et à près la même observation, on continu jusqu’à la base. A la fin de l’observation de fumée bleu, on recouvre à nouveau la meule de terre. Et on laisse refroidir environ 12 heures. Lorsque la meule est bien refroidie, on la dégage de sa gangue et l’on range les charbons dans des sacs de jute prêts pour le transport. Une meule moyenne produit 100 à 150 kg de charbon de bois en 24 heures.
Les charbonniers
Les lieux de production
Les forêts denses comme celles du Bergons et de Tres Crouts à Saint-Pé, et le bois de Poutbelou (col d’Andorre). Les villages de Saint-Pé, Ouzous, Salles et Gez abritaient nombre de charbonniers. Les droits de coupes étaient achetées par adjudication ou à des exploitants forestiers. Les emplacements de fours étaient négociés avec la préfecture. On reconnaissait facilement les lieux de coupe car les arbres de faible importance.étaient régulièrement taillés à hauteur d’hommes et présentaient des gros troncs d’où partaient nombre de branches droites et verticales.
Préparation d'un four à charbon de bois et mise à feu, Saint-Pé, 1970. Fonds ONF Il s'agit d'une foye (meule) réalisée pour le feu de la Saint-Jean au Bout du Pont par Madeleine Artigot (avec son fichu), Anne Mengelle, Patrick et Baptiste Borde.
Préparation. Fonds A. Dole
Mise à feu. Fonds A. Dole
Mise en sac. fonds A. Dole
L’évolution
À partir de la guerre de 1940, vu l’impérieuse nécessité de charbon pour les gazogènes (1), on utilisa des cuves métalliques portables, de deux à trois mètres de diamètre, de forme cylindro-conique, surmontées d’un couvercle pourvu de tubes périphériques pour l’administration de l’air et l’évacuation des fumées. Ces fours industriels ou four Magnein étaient plus performants avec une meilleure régulation et un séchage plus rapide du bois. Depuis 1950, la production s’est réduite, restant importante surtout pour l’alimentation des barbecues.
(1) véhicule fonctionnant au charbon de bois.
Saint- Pé
La forêt de Trescrouts à Saint-Pé abritait un nombre considérable de charbonniers.
Vers 1900, ils étaient fort nombreux : "le soir sur le coup de quatre heures, les voici qui reviennent et agitent le Bout du Pont d'une animation extraordinaire: deux cents ânes, descendus de l'Aroü, de la Pale ou d el'Aühlet se bousculent sur l'étroit chemin de Trescrouts..." Deux cents ânes avec trois sacs de charbon chacun, les femmes en portaient deux et les hommes un seul, selon les mémoires de l'abbé Abadie (1).
(1) Le sanglier du Picharrot de Bernard Abadie, édition Marrimpouey, 1972, page 9.
Sentier Abadie, chemin des charbonniers, OT de Saint-Pé
Carte postale ancienne-Les charbonniers de Saint-Pé
Après 1940, Pla Debers, massif de l'Aülhet :
Fonds A. Dole
Salles
Salles, dans le Bergons, était aussi un haut-lieu de la fabrication du charbon de bois, grâce à la foret d'Aber ; ne disait-on pas Salles et Gez tous carboues. Entre 1920 et 1939, une vingtaine de familles vivaient de l'exploitation du charbon de bois. Durant la seconde guerre des entreprises extérieueures vinrent sur place pour répondre à la demande qui ne cessait d'augmenter. Le dernier charbonnier fut M. Bat, il cessa son activité en 1957.
Un gazogène allemand 1945
Sère-en-Lavedan
Restes de fours à charbon de bois. Quelque part au-dessus de la vallée de Louzom, en Béarn, limite de la Bigorre, commune d' Asson. Photos Fonds A. Dole
LES MARMITES A CHARBON DE BOIS DANS LA VALLEE DE L’OUZOUM ET ENVIRONS
Texte d’Alain Dole d'une conférence à Nay, en novembre 2024, avec son aimable autorisation
Ce texte est le fruit de 10 années de prospections en forêt, entre Béarn et Bigorre, de recherches documentaires, d’interviews d’habitants locaux, de prises de mesures individuelles, de géolocalisation, de cartographie, d’inventaires photographiques et de classifications catégorielles…
Afin de répondre aux questions suivantes :
A quoi cela servait-elles ? Pourquoi sont-elles là ? Qui les a apportés et quand ?
Comment sont-elles montées ? Qui les a fabriquées ? Qui les a utilisées ?
Qu’en ferons-nous ?
Les origines
Ces marmites sont des éléments de fours servant à produire du charbon de bois (CB). Chez nous, il s’en trouve en nombre conséquent, souvent dans des secteurs isolés en plein cœur des forêts situées de chaque côté de la vallée de l'Ouzom. En général ce sont des modèles, dits de type Magnein créés dans les années 1920/30 car au Monbula (1) il y a 2 éléments de four Delhommeau et Forindust. Respectivement un élément bas avec 18 tuyères réglables et un couvercle à 8 clapets à section variable, qui sont tous des orfèvreries de l’art du chaudronnier.
Ces fours furent fabriqués en très grande quantité durant la seconde guerre mondiale, à partir de 1941 et il y en eut une diffusion massive dans toutes les forêts de France.
Comme on manquait de pétrole (rationné et surtout réquisitionné pour l'armée allemande), une économie de guerre fut décrétée par le « gouvernement Pétain ». L'on produisit en masse du charbon de bois notamment comme carburant (gaz issu de la combustion du CB) utilisé pour les véhicules à gazogènes (utilitaires, engins agricoles, camions, bus...)...
Nos industries qui étaient en chômage forcé, et pour cause, elles eurent là une opportunité de reprendre quelques activités, surtout celles qui avaient des compétences en chaudronnerie, mécanique, tuyauterie… Ce fut le cas de sociétés privées de l’automobile, du rail, de l’aéronautique ou de l'armement (industrie d’Etat stoppée depuis la signature de l’armistice). En général, elles fabriquaient du matériel roulant, des cellules d’avions… Toutes reprirent un peu d'activité le temps de construire ces fours et autres accessoires pour les gazogènes.
Cependant, les industriels qui ont produits ces fours, se sont appropriés le design du brevet Magnein et les ont réalisés selon leur savoir-faire et leur propre technologie de fabrication, tout en conservant globalement les cotes qui sont pour l’élément base circulaire un diamètre intérieur de 2,2 m et une hauteur variant de 0,45 à 0,55 m.
Les caractéristiques
Quant à l’élément supérieur si sa base de 2,2m s’apparie avec la virole basse, il est tronconique avec un diamètre de 1,75 / 1.80 m au niveau de l’interface avec son couvercle. La hauteur de la virole haute varie de 0,75 à 0,80 m.
Mais j'ai trouvé des productions plus surprenantes, dont une miniaturisation de viroles avec plusieurs diamètres d’élément de base dont le plus petit mesure 1,5 m !
Cela me laisse à penser qu’il y aurait pu avoir une production locale, alors que les fours en cotes « classiques » même avec leurs variantes technologiques, elles sont des productions industrielles. La preuve en est, c'est d’avoir retrouvé des plaques signalétiques encore lisibles malgré 80 années passées sous les intempéries dont la neige, le tout associé à la dégradation végétale ambiante (humus) accélérant la corrosion.
Donc ces fours en acier avec une épaisseur de tôle variant de 1,5 à 2mm, composés de 3 parties étaient adaptés à un usage en forêt. J’estime que chaque élément pesait entre 100 à 130 kg, ils pouvaient être manœuvrés à plusieurs personnes. Selon la qualité du combustible, on obtenait entre 200 et 250 kg de charbon de bois en 2 jours (1 jour complet pour la carbonisation et 1 jour complet pour le refroidissement) et surtout de qualité uniforme. Bien plus productif que le foyer classique pour une même charge de bois à traiter. Le foyer donnait entre 150 à 170 kg selon la qualité du bois, mais il était de qualité disparate car la carbonisation n’est pas uniforme et bien plus longue (2 jours complets pour la carbonisation et 1 jour complet pour le refroidissement).
En comparaison, pour un besoin d’une tonne journalière de charbon de bois, il faut 8 fours métalliques à comparer aux 14 foyers nécessaires…
Origines des productions des fours
Donc ces productions proviennent de Paris (fours Tranchants et Sté Citroën), des Ateliers Industriels de l'Aéronautique (militaire) de Limoges et de Clermont-Ferrand !
Et en local, de Bagnères de Bigorre, via la Société Lorraine (Groupe de Dietrich) qui en 1922 avait racheté l'usine Latécoère, cette dernière s'impliquant dans l'aéronautique et dont on connait la réussite entrepreneuriale par la suite. Pour la petite histoire, la Société Lorraine fut administrée par le père de Giscard d'Estaing !
Géolocalisation des emplacements des fours
Sur les 118 éléments de fours que j’ai pu géolocaliser dans les bois sur 4 secteurs (quartier des Serres / Aülhet à Saint-Pé, quartier du Pélat à Asson, au-dessus des Grottes de Bétharram, quartier du Nabails / Teitous à Asson, en rive gauche de l’Ouzom et quartier du Monbula d’Asson indivision avec Bruges / Capbis / Mifaget, en rive droite de l’Ouzom).
Celui de Saint-Pé était exploité par les chantiers de jeunesse, ces jeunes en âge de conscription étaient enrôlés durant 8 mois à faire des travaux (d’intérêt général, comme l'on dirait aujourd’hui), cela remplaçait le service militaire qui avait été démantelé.
Les évolutions
Comme la valeur marchande de la tonne de charbon de bois était passé de 800 frs avant-guerre à 1850 frs, cela relança financièrement la "Société du Monbula" d’Arthez-d’Asson qui végétait dans ce secteur et attira des nouvelles sociétés qui se créèrent comme celles de Dupoutz sur Ferrières, Minvielle et Cabannes de Coarraze qui était certainement du côté du Pélat et de l’Arriu Sec, et de la Compagnie Générale du Pétrole et du Naphte de Paris qui créa sa succursale à d’Arthez-d’Asson, car elle avait de nombreuses concessions dans la vallée de l’Ouzom, jusqu’aux contreforts du col d’Aubisque. Et notamment celle du Nabails/Teitous. Les ouvriers étant mieux payés, certains même désertèrent les mines de fer Baburet aux Etchartès, près de Ferrières et troquèrent les pics de mine contre des haches...
Les plus grandes concentrations de fours, donc d’éléments géolocalisés, sont dans les concessions de Nabails/Teitous avec au moins 20 fours et pas moins de 26 fours pour celle du Monbula !
Sur le plateau du Monbula à 2h et demie de marche d’approche, j’ai retrouvé l’emplacement de 3 « cantines » des bases de baraquements de 10 x 6 m. Associé au nombre de fours dans ces secteurs, c’est dire le nombre de travailleurs qui grouillait dans ces montagnes.
Mais aussi dans les bois de nombreuses traces de câbles, ce qui corroborait mon impression, compte tenu des dimensions des viroles et de leur empâtement impropre à gravir des chemins escarpés et étroits à dos d’homme ou de mules, qu’elles étaient bien montées par des câbles.
Associé à mes recherches documentaires, aux interviews d’anciens (malgré leur jeune âge à l’époque), ayant encore en mémoire d’avoir vu fonctionner des câbles, tout ceci confortait mon intuition première.
Ainsi cette causerie a permis de faire ressurgir la mémoire de ce passé industriel qui ne vécut que le temps de l’occupation et de ses restrictions, s’évanouissant aussi vite qu’il était apparu lorsque la période du rationnement fut révolue, entre 1946 et 1947…
Conclusions
Mais c’est aussi la mémoire d’une histoire humaine, celle d’une jeunesse réquisitionnée dans les chantiers de jeunesse, des ouvriers locaux pour faire subsister leur famille ou des réfugiés espagnols du camp de Gurs enrôlés d’office dans les compagnies étrangères pour compléter le manque de main d’œuvre dans les chantiers de montagne comme celui entre autres des mines de Baburet.
Tous travaillant dans des conditions si dures et si spartiates, qu’elles seraient impossibles avec nos normes du travail actuelles.
Un patrimoine industriel et historique qu’il conviendrait de sauvegarder pour les générations qui nous succèderont. Car la rouille gangrène de nombreuses cuves et le phénomène s’accélère. Certaines ne sont plus que des fantômes, des empreintes dans l’humus !
Avant que tout ne disparaisse rapidement, il serait si aisé de mettre en valeur celles en bordure des chemins de randonnée. Les positionner sur des pilotis de bois pour les isoler du sol et de l'humidité, et avec peu de moyens financiers de les protéger avec une couverture (tente rigide arrimée avec une toile solide) et de rajouter une signalétique adaptée.
Le sentier du Monbula s’y prête parfaitement dans la montée du bois précédant le plateau, 8 éléments remarquables sont au bord du chemin.
De même pour le chemin des Serres de l’Aülhet de Saint-Pé, à condition que l’on ne tergiverse pas avec les études d’impacts sans fin, exigées par la Réserve (RNR) du Pibeste, exigences qui ont détruit l’exploration spéléo à caractère scientifique et l'apport sur les sources captables à des fins d'eau potable.
Le Sentier du Nabails à lui aussi l’atout d’être plus facile d’accès, avec 3 éléments en bordure du chemin et surtout un rocher énigmatique : « le Roc de l’Ours » qui contribue à la mythologie pastorale.
Photos Alain Dole marmites de l'Ouzom.
(1) Quartier d’Asson dans le 64.
LES SITES METALLURGIQUES MECONNUS DE HAUTE- BIGORRE
Bas fourneau à minerai de fer, en miniature. Agos, entrée de la vallée
Si le site de Ferrières est bien connu et a été étudié comme celui d’Asson en Pyrénées Atlantiques, il n’en n’est pas de même pour deux autres sites pour lesquels nous avons peu d’information : celui de Hourcade et celui de la HournaLe site de Hourcade est situé à Germs-sur-l'Oussouet. Il s’agit d’ un site métallurgique daté par Claude Gourault de Lacassagne(65) d’environ 500 avant J-C (datation sur 14C sur charbons de bois inclus dans les scories). Il s'étend sur au moins 2 hectares. On y trouve, outre une foultitude de scories, des tessons de céramique, mais aussi des parois de four vitrifiées. Cette métallurgie concerne le plomb et le cuivre.
Le site de la Hourna, du côté de Saint-Pé et de Montaut est situé en contrebas de la grotte la Hourna, la bien nommée, dans le bois de Mourle, prolongement du territoire lourdais en terre béarnaise.
C’est grâce à de nombreux laitiers (résidus de la fonte du minerai) trouvés en 1994 par Frédéric Joly, Alain Grall, Jacques Omnès (1) et bien d’autres depuis, que nous en avons déduit, que ce secteur, depuis des temps inconnus abritait une forte activité métallurgique à base de minerai de fer (hématite, limonite), conforté par la présence de bois abondant et de cours d’eau permettant la réduction du minerai.
Une étude plus approfondie, avec Alain Dole et Fréderic Joly, nous a permis de découvrir au milieu d’une forêt de résineux et le long des ruisseaux traversant la zone (la Mouscle, son confluent la Carrérasse, le Limon et la Hourna), un certain nombre d’emplacements de bas fourneau et un sol jonché de débris de minerai, de scories, de terres vitrifiée et de laitiers. Deux de ces emplacements de bas fourneaux encombrés par une végétation abondante se trouvent proche de la résurgence du ruisseau de la Hourna. Ils sont formés d’un grand cercle d’environ 5 mètres de diamètre sur une hauteur d’environ deux mètres. L’absence d’élévation (cheminée de ventilation) et de textes historiques rend cependant difficile la lecture générale du site.D’où venait le minerai ? Pour le moment, nous ne connaissons qu’une petite mine proche, situé dans une propriété privée. Vu l’activité supposée intense, il est plus que probable que d’autres mines se trouvent dans les environs.
Où les loupes, résultat de la réduction du minerai, une fois obtenues, étaient-elles envoyées pour être traitées purifiées et martelées ? Le mystère demeure. Nous pensons cependant que des forges catalanes ne devaient pas être bien loin. C’est la raison pour laquelle nous pouvons raisonnablement penser que l’important moulin Bergeré proche, alimenté par un canal de dérivation de la Carrérasse, en plus de son activité meunière, devait probablement, entre maison et moulin proprement dit, abriter un martinet. Les recherches continuent. Le martinet était généralement composé d'un long manche, d'une tête de 80 kilos, d'une roue à aubes entraînée par le courant de l'eau et couplée à un arbre de transmission en chêne de près d’'une tonne. Le tout donnait pour les grands martinets une force de frappe équivalente à celle d'une dizaine d'hommes pour réaliser, des barres de fer envoyés aux différentes forges locales afin d’être transformées en objets métalliques (clous, fer à cheval…).De même, qui utilisait les barres de fer obtenues ? Probablement les cloutiers de Saint-Pé. Mais ni Palassou, ni de Dietrich n’évoque cette activité industrielle locale qui devaient faire vivre nombre de familles. Car, en plus de ces fours métallurgiques, le secteur abritait fours à charbon de bois et fours à chaux du fait de la profusion de bois et de la présence proche d’une carrière de pierre à chaux.
Nous espérons que prochainement nous aurons quelques réponses à ces questions.
(1) Voir le bulletin de la SESV de 1994.À lire La fouille de la Zac d’Asson par Argitxu Beyrié et Anne Berdoy, 2013. Lecture croisée pour l’histoire de l’occupation du sol et d’un quartier artisanal sidérurgique dans le piémont béarnais.
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00977318/document
A peine avions –nous porté à la connaissance des membres du groupe notre découverte dans les bois de Mourle, de bas fourneaux pour la réduction du fer,, que des élèves en CE1 et CE2 de l’école de Saint-Savin ont fait une étonnante découverte. En jouant aux archéologues dans leur cour, ils se sont mis à gratter le sol avec des instruments rudimentaires. Leur étonnement fut à la hauteur de leurs trouvailles. Devant eux étaient enfouis, un certain nombre d’éléments de matières dures, dont certaines ressemblaient aux photos mises et vues sur notre page FB. Il s’agissait bien de laitiers de réduction de minerai de fer par bas fourneaux de probable époque médiévale.
Cette présence n’est pas surprenante dans la mesure où les montagnes voisines au-dessus de UZ, siège de l’anachorète Sabinus regorgeaient de ce minerai. Le ruisseau d’alimentation en eau de l’abbaye passait de plus juste à côté de ce supposé four. On peut constater qu’en face se trouvait l’écurie de l’abbaye, avide de fer de ferrage. Le sol a été brûlé durant des siècles ce qui permet de comprendre l’absence d’herbe au milieu de la pelouse
Les laitiers trouvés en surface
Paréac
Il s’agit d’un rare four communautaire en Bigorre. J’ignore s’il y a d’autres petits bâtiments de ce genre. Ce four aurait pu être le successeur d’un four banal comme le moulin des Angles et aurait pu donc appartenir à un seigneur et être affermé à des fourniers locaux.
Si, à l’origine c’était un four banal et non communal, il aurait appartenu non au seigneur des Angles qui n’était nullement possesseur du « pays », comme le mentionne à tort l’instituteur Latapie dans sa monographie de 1887, mais à celui d’Arras- en- Lavedan en Val d’Azun, de la famille des Castelnau. Cette famille puissante était devenue par mariage, seigneurs d’Escoubes, Julos, Paréac et Laloubère.
On cuisait le pain pour la semaine ou la quinzaine grâce à la grosse croute qui permettait de mieux le conserver. Chaque famille grignait (incisait) une marque pour le différencier de celui des autres familles. Il était de coutume d’amener au four sa bûche pour la cuisson.
Chèze
Four à pain de particulier (boulanger)
Photo Google
Les glacières artisanales et industrielles
De tout temps l’homme s’est rendu compte de l’importance de la glace dans la conservation des aliments et des cadavres. Par empirisme, il s’est rendu compte que le froid pouvait aussi atténuer la douleur et retarder les infections. Expérience vérifiée par le bigourdan Larrey, lors de la campagne de Russie. Arriva également du Moyen Orient via l’Italie de Catherine de Médicis, la mode des sorbets ou glaces parfumées.
C’est pour toutes ces raisons que depuis les origines les plus reculées, l’homme a essayé de conserver ce produit précieux, voire par la suite de le fabriquer
En Bigorre, avec ses montagnes couvertes de neige l’hiver, avait sur ses pentes toute la matière première à portée de main. Il s’agissait d’aller la chercher et éventuellement de la stocker dans des endroits propices et de la livrer à dos d’homme ou de mulet. Dans le massif de Saint-Pé, les charbonniers exploitaient aussi les glacières naturelles qu' ils remplissaient de neige l'hiver, pour une fois devenue glace ils pouvaient la livrer pendant que leur meule de charbon de bois se consumait. Ils descendaient dans ces failles à l'aide d'échelle de bois. A l’office de tourisme de Saint-Pé-de-Bigorre, dans une vitrine, sont exposés pieux à glace et torches du XVIIIe siècle, offerts par Alain Dole explorateur de grottes à glace
Ce fut surtout le travail des cadets, qui, avec des pieux de bois ou des pics de fer découpaient des blocs de glace de 15 à 20 kilos et les descendaient dans des sacs de jute jusqu’aux hôtels de la plaine ou dans des lieux aménagés appelés glacières. Celles-ci pouvaient être constituées de murs épais, où neige et paille se superposaient. Tarbes possédait ainsi plusieurs de ces glaciaires. A Cauterets ce fut un Néerlandais, qui au début de 1900, au quartier de la Costabère, réalisa un puits de 12 mètres pour y entasser la neige récoltée l’hiver ; mais il se trouva rapidement en concurrence avec les porteurs qui livraient régulièrement les hôtels à partir de glaciers proches dont celui de la Cascade du cirque de Gavarnie, du Péguère au lieu-dit la Glacière à Cauterets. Le Vignemale et le Pibeste servaient aussi de réservoir.
Puis, au XIXe siècle, les inventions permettant de fabriquer de la glace se multiplièrent. Après les chercheurs Ferdinand Carré en 1859, puis Giffard et Pictet, les usines à glace sont apparues, en même temps que la fabrication de glacières destinées à recevoir les pains de glace produits. À Cauterets, la société Heïd édifia son usine à partir d’un moulin reconverti, comme à Soues avec le moulin Escoubet (1920). À Lourdes, un peu avant, vers 1913, François et Pierre Soubirous propriétaires de l’hôtel Moderne (voir liens familiaux avec Benoite), eurent l’idée de fournir en glace, les nombreux hôtels-restaurants et cafés de la cité mariale très demandeurs. Près de leur villa, avenue du Paradis, à côté de l’usine à gaz, ils édifièrent une importante usine qui fonctionnait avec deux personnes. Elle comprenait 42 rangées de fabrication ayant chacune 14 espaliers fournissant chacun un bloc de glace. Chaque bloc faisait 25 kg. A plein régime l’usine pouvait fournir jusqu’à 14700 kgs/ jour de pains de glace. Soit 588 pains. Un livreur motorisé fournissait tous les clients.
Hélas, après les différentes crues, toutes les archives de l’usine ont disparu, nous n’avons retrouvé aucun document ni photo. L’établissement a arrêté son activité en 1963 et les imposants bâtiments ont été désaffectés mais sont toujours présents. Comme la villa, aux grilles marquées du S de Soubirous, habitée par leur descendant, Bernard Maystre.
Glacière de Soues et schéma d’une glacière ancienne : http://lieux.loucrup65.fr/glacieredesoues.htm
Chargement de glace à Gavarnie
Cartes postales anciennes et photo Google
Torche et pieu à glace XVIIe-XVIIIe siècles exposés à l'OT de Saint-Pé. Don d'Alain Dole.
Photos J. Omnès
Glacière naturelle. Photo Alain Dole
Proche de la région étudiée, sur les hauteurs de Campan en direction du casque du Lhéris se trouvaient les puits à glace du Theillet. Glace qu'utilisaient les pâtissiers de Bagnères de Bigorre pour la conservation de leurs gâteaux. Information et photo de Michèle Lacrampe (FB)
La Glacière lourdaise, tout au fond
Meublle à glace