

1) BARLEST
Église romane dédiée à saint Martin, souvent remaniée au cours des siècles et avec un clocher du XIXe siècle. Sur le rebord d'une fenêtre, à droite de la porte d'entrée romane, une inscription mentionne "Napoléon empereur des F, roy d'Italie, 1808". On pense qu'il s'agit d'une inscription commémorative d'un don : probablement la cloche. On accède à l'église par une belle calade. Le long de la nef, coté cimetière une saconde fenêtre indique le nom d'un autre bienfaiteur.
Il est mentionné NAPOLEON EMPEREUR DES F. ET ROY D'ITALIE 1808
JEAN PASQUINE DIT HOURIE...IRE
BARLEST CE 9 JUIN 1808
Un autre mécène
L'intérieur qui fut rénové en 1977, possède une vaste nef unique avec transept. Décoration simple avec quelques statues de plâtre. Au-dessus de l'autel, un tableau présente saint Martin, évêque de Tours. Les chapelles latérales sont dédiées à la Vierge de Lourdes et à saint Joseph. Le bénitier sculpté de style "médiéviste" récent vient d'Espagne. Il a été ramené par l'ancien curé d'origine basque espagnol. Il semble que le retable soit de la même origine espagnole.
Bénitier d'origine espagnole
Tableau représentant saint Martin
Chapelle Saint-Joseph. Sous la statue, épisode de la vie de saint Martin
Historique
Cette importante église est l'une des plus anciennes de notre région. Elle dépendait de l'abbatiale de Saint-Pé. L'historien béarnais Marca évoque l'église de Ludux (ancien nom de Loubajac), lors des obsèques de Guillaume-Ramon de Bartrès en 1083. On pense qu'elle a été construite sur l'emplacement d'une chapelle mérovingienne, suite à la découverte de sarcophages, et de traces de cette chapelle primitive. Pour certains érudits, elle aurait pour origine l'édification d'une abbaye laïque à l'époque carolingienne. Les fortifications ont été rapidement rendues nécessaires à cause des invasions régulières. Elles ont été réalisées par le comte de Bigorre avec l'édification de la tour- refuge de 15 mètres, dont l'entrée primitive se faisait par l'église sous la toiture de la nef. L'escalier actuel longeant la tour a été réalisé après les guerres de Religion. L'église a été brûlée pendant celles-ci, en 1569 par le capitaine Laborde. Puis reconstruite (la nef) en 1620, avec deux chapelles supplémentaires grâce aux ouvertures en voûte.
En 1983, ont été dégagées les voûtes couvertes de lambris, permettant de découvrir de superbes fresques médiévales.
Les sarcophages découverts autour de l’édifice ont été disséminés dans les jardins privés pour servir d'abreuvoir. Un a été détruit par l'entrepreneur chargé des travaux.
L’ensemble est classé Monument historique, tandis que le portail du cimetière, son emmarchement et l’allée de galets, ou calade, sont inscrits à l’Inventaire supplémentaire.

Les deux barres horizontales de la croix rayonnante du linteau semblent avoir été buchées. Conséquences de la Révolution ?
Calade Photos J. Omnès
Détail du maître-autel et tabernacle où deux anges nous présentent la trinité surmontée de deux têtes d'ange
À gauche, mort de saint Saturnin (Sernin), compagnon de route de saint Pierre et évêque de Toulouse. Il a été tué par un taureau auquel il fut attaché par les païens du Capitole. À droite, histoire d'Héliodore qui, désirant voler le trésor du Temple, fut chassé par des anges. Photos J. Omnès
Difficile de savoir ce qui réunit ces deux tableaux si ce n'est d'un côté la porte du Capitole de Toulouse et de l'autre celle du temple de Jérusalem ?
Panneau du martyre de Saturnin Panneaux d'Héliodore.
Chapelle de la Vierge fin XVIe siècle et tabernacle XVIIe siècle. Photos J. Omnès
Toiles encadrant le bas-relief, à gauche saint Dominique recevant le rosaire de Marie, à droite sainte Catherine. Commandés en 1678 par Philibert d'Angosse. Mais sur le site culture.gouv.fr l'auteur est inconnu et la date, le XVIII siècle (?).
Les portes demi-circulaires des fonts baptismaux de taille imposante, sont surmontées d'un bas-relief de bois représentant le baptême du Christ par saint Jean. Si la cuve des fonts d'une pièce monobloc en pierre du pays a une dimension hors du commun : un mètre de diamètre sur 35 cm de profondeur, c'est que jadis depuis le XIIe siècle, on y plongeait le nouveau-né.
La chaire et les stalles du XVIIIe siècle. Belle chaire en bois sculpté avec rampe d'accès au décor de palmes.
Photos J. Omnès
Plafond représentant en stuc or et azur, Dieu le père éternel accueillant les élus. Photos J. Omnès.
Dans la sacristie fontaine du XVIIIe siècle et beau meuble à chasubles Fontaine avec évier de pierre
Grenier du clocher. Photos J. Omnès
3) PEYROUSE
Origine
Il existe peu de documentation sur cette église dédiée à saint Martin. Probable église de la bastide engagée en 1308. Ce bâtiment est mentionné dans les pouillés médiévaux (1) du diocèse de Tarbes : 1342 et 1379 (2).
Histoire
Incendiée par les troupes huguenotes de Montgomery en 1569, avec les églises de Saint Pé, de Loubajac et de Lourdes, elle a été restaurée au XVIIe siècle ; l’une des cloches, celle du campanile sommital mentionne la date de 1647 et le linteau en accolade de la porte donnant accès à la tribune à partir du porche est daté de 1653. Nous savons qu’en 1670, l’évêque du diocèse lors de sa visite constate une église en bon état, il demande un élargissement du maître-autel pour laisser la place devant le tabernacle au calice et à la patène.
En revanche, au XVIIIe siècle, de nombreux travaux viennent modifier les aménagements intérieurs : porte d’entrée à deux vantaux, élargissement des baies, pose de lambris, enrichissement du retable, etc. Thibaud de Rouvray dans la brochure Saint-Pé-de-Bigorre, éditée par Guillaume Mauran, fin 2020, pp 63-68, en fait la description la plus complète.
Puis vinrent, suite à une certaine vétusté, les grands travaux du XXe siècle qui donnèrent l’aspect définitif du bâtiment tel qu’on le voit actuellement. Les premiers ouvrages furent les restaurations en 1911, des toitures avec certaines modifications, la couverture intérieure de la nef, l’escalier montant à la tribune, le remplacement des schistes du sol par des dalles en ciment, le recouvrement des murs intérieurs et extérieur par du ciment etc.
Suite aux conseils de Vatican II, le curé en 1955, n’hésita pas à supprimer boiseries et retable du XVIIIe siècle. Un mobilier épuré prit place,
L’extérieur
Son imposant clocher-mur à deux niveaux de baies, dont l'un (celui du bas) est aveugle pour y recevoir les statues de saint Roch et de saint Christophe inaugurées en 1936, est surmonté d'une toiture insolite. Elle-même est surmontée d'un clocheton qui abrite une petite cloche de 50 cm de haut, fondue en 1647. Sous le campanile les deux niches abritent les cloches fondues en 1832 et 1846 (3). Sur le linteau de la porte d’accès à la tribune, une date : 1653. Les deux pierres tombales de l'entrée sont celles des curés de la paroisse.
Saint Roch, protecteur des animaux : c’est sous sa statue que, lors des rogations, les paysans venaient avec leur bétail « tout endimanché » : belles sonnailles et manta tout propre pour recevoir la bénédiction du curé.
L'intérieur
à nef unique abrite deux chapelles recouvertes de peintures murales en trompe-l'œil, exécutées par le Lourdais J.-P. Demoisy vers 1997 (celui qui a décoré la fontaine-lavoir d'Adé).
Du retable principal baroque, souvent attribué à l’atelier Claverie de Lourdes, il ne reste que la statue en bois polychrome de saint Martin en habit d’évêque qui trône au centre du chevet au-dessus d’un tabernacle simple sans intérêt. Les deux éléments ont été « badigeonnés » d’une simple peinture dorée, un massacre. La fontaine en marbre noir du XVIIIe siècle, qui se trouvait dans la sacristie est située maintenant au nord-ouest de la nef. Les statues du XVIIIe siècle : saint Pierre, saint Paul, les anges adorateurs et une vierge à l’Enfant surmontant le tabernacle ont disparu. Celle présente sur un support mural est récente (XIXe siècle).
Dans la sacristie, le panneau représentant le baptême du Christ provient de l’ancienne armoire baptismale. Il aurait été, d’après Thibaud de Rouvray (4), trouvé dans le grenier. Sa place serait dans l’église. Belle armoire béarnaise à pointes de diamant et croix de procession aux extrémités cassées.
(1) Un pouillé : est un dénombrement de tous les bénéfices ecclésiastiques situés dans un domaine géographique donné.
(2) Information de Stéphane Abadie, Saint-Pé-de-Bigorre, édition Guillaume Mauran, 2020, article de Thibaud de Rouvray, page 57.
(3) ADHP, 2O, 1845.
(4) Thibaud de Rouvray, Saint-Pé-de- Bigorre, édition Guillaume Mauran, 2020, page 63.

Église de Peyrouse au clocher-mur. Saint Roch et saint Christophe
Beau portail XVIIIe siècle Dalle tombale des anciens curés.
Acces tribune Claveau de la porte d'entrée
Détail fresque Demoisy. Bénitier-fontaine en marbre noir encastré, pour semble-t-il, éviter les vols ?



Sur la route de Lourdes à Saint-Pé-de-Bigorre, sur la commune de Peyrouse se trouvait une chapelle dédiée à sainte Marguerite d’Antioche (Margalide localement), peut-être médiévale, avec son chevet arrondi. Elle est mentionnée sur le procès verbal de la visite épiscopale de 1670, sur le plan Cassini de 1740 (1), et le cadastre napoléonien de 1815. Elle abritait au XVIIe siècle, une confrérie reconnue par le Pape Paul V (1605-1621). On apprend par le questionnaire relatif à l'état des paroisses du diocèse de Tarbes, daté de 1783, que que les offices ordinaires de la confrérie étaient donnés à l'église paroissiale, la chapelle étant trop exigüe (2). Restaurée au XVIIIe siècle, elle a été vendue en 1793, comme bien national. Abandonnée, elle est tombé en ruine, d’après un dessin de 1827 ou 1867, conservé au musée pyrénéen. Cette chapelle a donné naissance au nom du quartier : Sainte Margalide, mentionné Margarida sur le plan IGN 1647 ET. Elle se trouvait à droite, à environ 100 m, un peu en arrière du calvaire de 1941, dédiée à la sainte.
Cette sainte (3) peu honorée en Bigorre (la dévotion a été supprimée par Vatican II), a cependant son image reproduite sur le retable de l’église de Jézeau, sur la route des Jacquets.
Pour plus de précisions, voir le dossier Montjoies-calvaires dans petits patrimoines architecturaux.
(1) Feuille de Pau 108


SAINT-PÉ
(1) Ils fabriquaient du charbon de bois

Saint Pierre, patron de Saint-Pé. Photo J. Omnès

Plan de l'Office de tourisme (Thibaut de Rouvray). L'entrée jadis se faisait là où setrouve le chevet marqué L
L’église abbatiale romane du XIe siècle (a été fondée par le duc Sanche V de Gascogne suite à une guérison en 1022, dans ces lieux. Terminée vers 1096, elle a été remaniée aux XIIe et XIIIe siècles. Elle fut ravagée en 1569 par les huguenots de Jeanne d’Albret, vicomtesse de Béarn et reine de Navarre, commandés par Montgomery. Les cloches sont emportées pour être fondues. Par la suite, elle fut sévèrement touchée par le tremblement de terre de 1660, qui fit s’écrouler en 1664, le superbe dôme de 40 m de haut, qui en faisait avec ses imposantes dimensions (60 m X 25 m), le plus grand sanctuaire roman des Pyrénées. Elle fut reconstruite en 1680, par les moines bénédictins de Saint-Maur, sans le dôme, mais avec le clocher actuel et une modification de l'entrée. Initialement celle-ci se trouvait du côté de la place, lieu de marché et centre de l'activité de la petite ville. Ce qui correspond au chevet actuel. Cette entrée était composée d'un portail monumental orné de douze statues représentant les apôtres. Le bâtiment fut vendu à la Révolution comme bien national. Des forges sont installées le long de l'absidiole droite (entre M et N sur le plan). En 1822, Mgr Laurence, évêque de Tarbes, restaura les ruines de l'église et fit ajouter un petit séminaire. Ce dernier fut transformé en 1966 en établissement scolaire mixte (fermé depuis 1999). La partie la plus ancienne se trouve vers le clocher où l'on peut admirer des chapiteaux sculptés du XIIe siècle (point B sur le plan). C'est là que se trouvait le choeur des moines. L'église est classée Monument Historique depuis 1977. Des expositions temporaires y sont souvent présentées et une plaquette réalisée par Thibaut de Rouvray, conservateur des antiquités et objets d'art des Hautes-Pyrénées est distribuée sur place.
Le bâtiment a été restauré en 1995, par l'entreprise Cazenave de Bordeaux.
Porche, statue de saint Pierre, point A sur le plan Flambeau au nom de sainte Lucie
ORIGINE DE L’ABBAYE DE SAINT-PE PAR GUSTAVE BASCLE DE LAGREZE
« Voilà que Sanche, duc de toute la Gascogne, ouït parler de ces merveilles. Sa santé affaiblie avait épuisé vainement tous les remèdes de la science humaine ; il voulut recourir à la miséricorde divine. Ce prince puissant se rendit, en simple pèlerin, à Geyres [Généres-futur Saint-Pé] , avec les dispositions nécessaires pour obtenir l’accomplissement de ses vœux, c’est à –dire, avec la volonté de donner des preuves de son amour pour Dieu et de sa charité envers les hommes.
Sa foi fervente, la sainte poésie de la solitude, quelques heures d’oubli des choses de la terre dans la contemplation des choses du ciel lui rendirent sa santé perdue. « Sanitatem per Dei gratiam obtinuit »
Ces lieux tranquilles où le bruit des villes ne pouvait pénétrer et dont le vaste silence n’était interrompu que par la voix du torrent, offraient un propice refuge aux âmes souffrantes, fatiguées du monde, et que le monde ne savait guérir
Sanche, voulant consacrer par un monument de sa reconnaissance le souvenir de sa miraculeuse guérison, résolu de fonder une abbaye qui attirât des serviteurs à Dieu et des bienfaiteurs au pays. »
L’origine de cette puissante abbaye couverte de dons et de privilèges par nombre de ducs, comtes, vicomtes et seigneurs a pour origine une charte écrite entre 1022 date de la guérison et 1032, date de la mort de Sanche.
La clé de saint Pierre de l’abbatiale de St Pé
La relique dite clef de Saint-Pierre aurait été réalisée avec les chaînes qui auraient retenu prisonnier le fondateur de l’Église catholique. Elle aurait été envoyées (vendue ?) par Rome (1), aux moines de l'abbaye et à d’autres paroisses sous la protection du saint. D’après M. Dauvergue de la Revue des sociétés savantes (3e série, tome 1, p.170) ce serait éventuellement un abbé de Saint-Pé qui l’aurait ramené de son voyage à Rome comme souvenir après avoir vu l’attirance des fidèles pour cette relique à l’église San Pietro in Vincoli (2). Mais aucune date, ni précision sur son origine ne sont données.
Historiquement, le Vatican sous Grégoire le Grand (VIIe siècle) fit confectionner nombre de ces clés que les Romieux achetaient pour les mettre sur le tombeau du saint comme exvoto. Devant le succès commercial, le Vatican en fabriqua un certain nombre pour les évêchés, dont les églises étaient dédiées à saint Pierre. Progressivement, un rite du toucher de la clé pour éloigner les maladies pris forme, puis fut complété par celui l’application de la clé rougie au feu sur le front des animaux solidement attachés censés être atteints de la rage. Ce rite cruel qui tenait plus de la magie que de la prophylaxie et qui était appliqué par le curé ou le forgeron perdura jusqu’après 1885 (date de la découverte du vaccin contre la rage de Pasteur) dans certaines paroisses dont Sunhar en Béarn (3). Par précaution, certains bergers faisaient subir ce traitement à leur chien. La vénération de la clé de saint Pierre était très vivace encore au XIXe"* siècle. Lors de la fête de l'apôtre, le 29 juin, elle était alors présentée aux fidèles durant les messes, puis lors de la procession du jour.
À l’abbatiale de Saint-Pé, la relique était également vénérée par les pèlerins en route pour Santiago
(1) La Ville Éternelle conserve toujours, dans l'église Saint-Pierre-Aux-liens, deux chaînes réputées provenir des prisons de l'apôtre, à Jérusalem, puis à Rome.
(2) Rappelé par Gustave Bascle de Lagrèze dans Histoire religieuse de la Bigorre, 1863 ; page 310
(3) Mentionné par Olivier de Marliave dans Saints, sources, sanctuaires du Pays Basque.
Origines du statut protecteur de la clé
Il existe deux origines communément avancées :
lorsqu'il prêche, l'apôtre Pierre a, en face de lui, des opposants, dont l'un, Simon le Magicien qui le jalouse. Ce dernier lui offre de l'argent en échange d'obtenir la capacité de faire des miracles. Pierre refuse. Simon dresse alors des chiens pour l'attaquer, mais Pierre les met en fuite d'un simple signe de croix. Le lien est alors facile à établir pour les croyants : puisque Pierre se préserve de l'attaque des chiens par une bénédiction, il est normal de lui demander sa protection après avoir été mordu.
La clef évoque aussi l'épisode cité dans les Evangiles lorsque le Christ fait symboliquement de Pierre le gardien du Paradis céleste : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. Je te confierai les dés du Royaume des Cieux. Tout ce que tu lieras ou délieras sur terre sera lié ou délié aux cieux » Évangile de Matthieu, XV M8-I9)". La clé était censée délier de la maladie.
Remarques de Réformés (Calvistes).
L’abbaye fut prospère grâce à la présence de cette relique et des procès des ordalies. Son pouvoir viendrait d’une mauvaise interprétation du récit biblique (1) par la Légende dorée (siècle). En réalité Pierre aurait rétorqué au magicien : » Que ton argent périsse avec toi » Puis, il exhorta Simon à se repentir, ce qu’il fit. La vénération ou le culte des objets détournait l’attention du peuple de la véritable adoration de Dieu, cela obligea Jeanne d’Albret à faire détruire toute image et relique de l’abbaye en 1569. La clef aurait donc échappé à Montgomery aux ordres de Jeanne ? En revanche, il ne s’agit nullement d’un dogme comme annoncé, (2) mais d’un rituel.
(1) Acte des Apôtres 8.8.18-2674
(2) Ces lieux qui parlent de Carol Larrey, éditions Excelsis, page67

Saint-Pé, chevet de l'abbatiale. Photo J. Omnès

Photo J. Omnès
Le fameux dôme tel qu'il devait être au Moyen Âge, et l'entrée côté place des Arcades, à la place du chevet actuel.
Dessin de J. Martin-l'Histoire de Saint-Pé- de- Bigorre de Pierre Pomès Société académique des H-P, 1987.
Le chrisme qui se trouve sous l'ancien chrisme, provient de la porte principale d'entrée qui se trouvait initialement dans le chevet actuel.
À l'intérieur
En entrant à gauche (point B sur le plan), se trouve la partie la plus ancienne de l'abbatiale (XIIe siècle). Elle abrite les fonts baptismaux modernes et les bannières des confréries, avec quelques chapiteaux. Le baptistère est récent :1956-57 : pierre de Lourdes (base) et de Charente (cuve), couvercle en chêne (ateliers de l'abbaye de Tournay). Architectes : Waldshmidt et Prunet. Avant les fonts étaient abrités par une boiserie dans le vestibule de l'église, ils ont disparu (1).
(1) Information Thibault de Rouvray
Dans le choeur, le baldaquin est surmonté à l'attique, d'une partie de l'ancien retable qui a disparu. Elle représente Dieu le Père.
Baptistère à l'entrée, dans la partie la plus ancienne (XIIe siècle), au fond chapiteaux de l'ancien cloître.
Photos J. Omnès
Chapiteaux divers
Confrérie des cloutiers. Bannière représentant saint Éloi, évêque de Noyon (558-660). Patron des orfèvres, il est aussi celui de tous les utilisateurs de marteau, donc des cloutiers, nombreux à Saint-Pé. Toile peinte cousue sur tissus rouge. Fin XIXe siècle. 1980 X 1370 mm.
Confrérie des carriers. Photos J. Omnès
À droite : gros plan sur la bannière de l’abbatiale de Saint-Pé (celle du milieu sur la photo du haut) exposée au musée pyrénéen de Lourdes de juin à octobre 1981. Elle représente saint Isidore (1070-1130), patron des laboureurs. Tenant un chapeau à large bord de sa main gauche, il est habillé en paysan avec des sabots, des hauts-de-chausses bruns, serrés aux genoux retenant des guêtres blanches et une tunique brune serrée à la taille par une ceinture. De sa main droite, il tient une houe. À l’arrière-plan, un ange laboure, aidé par deux bœufs. Cette toile peinte est cousue sur un tissu rouge. Du XIXe siècle, elle mesure 1565 X 1310 mm.
Plusieurs confréries à la fin du XVIIIe siècle, avaient pour siège l'abbatiale, nous y trouvons les bannières des confréries suivantes :
La confrérie des carriers, représentée par l'Ascension du Christ.
La confrérie Saint- Eloi, plus tardive était en fait celle des orfèvres, mais aussi tous les corps le métier qui utilisaient le marteau, c'est pourquoi les cloutiers, fort nombreux à Saint-Pé, ont adopté ce saint protecteur. Ici saint Eloi est présenté en habits d'évêque Aux quatre angles, les instruments de la forge : marteau et pinces.
La confrérie Saint-Marc dont la chapelle est située à l'entrée du village.
La confrérie de Saint Eutrope, patron des tisserands.
Les confréries du Saint-Sacrement et de Saint-Antoine.
La confrérie Saint-Isidore des laboureurs. La dite clef de saint Pierre
Chapelle latérale. Photos J. Omnès Lors d'une visite avec Thibault de Rouvray : Autel principal et son baldaquin
Décor de l'autel
Notre-Dame-de-Saint-Pé. C'est une statue de la Vierge assise à l'Enfant daté du XVe siècle, en pierre polychrome au manteau bleu fleurdelisé d'or, à la robe rouge et au voile blanc. Elle tenait un sceptre dans sa main droite L'Enfant Jésus qui donne sa bénédiction tient un globe terrestre, qui ressemble à une pomme, dans sa main gauche. Sauvée du vandalisme des Huguenots durant les guerres de Religion où la Vierge et l'Enfant furent décapités, elle perdit une main à la Révolution, un sans culotte local lui ayant asséné un coup de sabre en s'écriant "A bas la mariole" Cette absence de main et les raccords des têtes reconstituées probablement au XVIIIe siècle, vu le côté joufflu des personnages, furent cachés jusqu'en 1930, par de précieux habits brodés.
Elle a été restaurée en 1979 par l'atelier Mainponte de l'Isle-en -Jourdain
D'après le conservateur, Thibaud de Rouvray, : "cette œuvre s'apparente à de nombreuses statues de la Vierge en majesté présentes dans la région, à la différence qu'elle est en pierre et non en bois. Elle était située dans le bas-côté sud devant un petit retable baroque, environné d’ex-voto".
Elle est classée Monument Historique depuis le 30 juillet 1907.
A droite : stalles du XVIIe siècle, celles du prieur et du père abbé ont été séparées et se trouvent dans la nef. Photos J. Omnès.
Photos Thibaud de Rouvray, avec nos remerciements
"Voici un cliché de la statue en haut à droite, avant son passage dans l'atelier Mainponte (1981), lorsqu'elle était présentée devant le petit retable baroque du collatéral sud. Elle n'a plus ses vêtements en soie mais conserve ses couronnes. On distingue la main cassée de l'enfant et celle de la Vierge devait aussi être mutilée (cachée par une fleur en plastique). Au niveau du cou de la Vierge on aperçoit une cassure et celui de l'enfant paraît entouré d'un ruban, peut-être pour dissimuler le même accident."
Thibaud de Rouvray
Ange adorateur. Les deux anges, celui-ci et son pendant, ont été acquis en 1858 chez Colomès, marchand de Tarbes, pour 260 francs. Information Thibaut de Rouvray. Tabernacle
La présence de sculptures représentant un aigle y compris le lutrin nous rappelle l'importance de Jean l'Evangéliste dans ces lieux, l'aigle étant sa représentation symbolique.
Un grand tableau daté de 1681, peint par le Toulousain Fayet, a été accroché dans un coin peu visible à droite du chœur. La scène principale représente le Christ entouré de ses apôtres, donnant la clé à saint Pierre symbole de son pouvoir. En arrière droite dans la pénombre, des personnages à taille réduite représentent le marquis d'Angosse, vêtu à la mode Louis XIV est à genoux devant un moine de l'abbaye vêtu d’une étole rouge. À ses côtés, une dame, son épouse et deux jeunes garçons, l’un de face, l’autre de profil, ses enfants reçoivent la clef-relique. Ils sont accompagnés d'un chien. Cette œuvre a été offerte par Monsieur d’Angosse comme ex-voto, en remerciement de la guérison de la rage dont furent victimes ses deux fils. Ils auraient été guéris après avoir touché ladite clef. Pour les croyants, ce tableau semble être l'unique preuve de l'efficacité thérapeutique de la clef dite de saint Pierre.
Une légende veut qu’un domestique qui se moqua de cette relique péri dans d’affreuses souffrances.
Ce tableau a été restauré en 1980, par les ateliers toulousains Excet.
Sur le bas-côté gauche de la nef, un triptyque dit de l'Annonciation du XVIIe siècle (Point E sur le plan) décore le mur. Cet ensemble de trois toiles, jadis proches les unes des autres, devait pense-t'on communément, se trouver dans le choeur. On croit que l'auteur est Bernard Denis, peintre de l'église de Bétharram. Le panneau central représente l'Annonciation. Aux pieds de la Vierge, un rameau de lys symbolise sa purété. A l'attique Dieu le Père contemple la scène. La toile est encadrée à droite par saint Pierre, patron des lieux et à gauche, par saint Paul.
La toile représentant le Christ à l'entrée (point C sur le plan), contre le mur cachant la chaudière, a été offerte par Napoléon III en remerciement du dévouement d'une habitante du village pour avoir accompagné la gouvernante de l'enfant impérial, chercher de l'eau "miraculeuse" à la grotte Massabielle de Lourdes.
N-D -du- Mont-Carmel, patronne des ardoisiers. Ce tableau daterait de la fin du XVIIIe siècle, vers 1780.
Les ardoisiers étaient très nombreux alors à Saint- Pé et avaient une confrérie.
Le personnage de gauche serait Simon Stock, supérieur de l'ordre des Carmes en 1251, quand la Vierge et son Enfant lui auraient apparu pour le rassurer sur la pérennité de son ordre. Elle lui aurait alors offert un scapulaire. Le personnage de droite serait la carmélite Thérèse d'Avila.
Chaire copie XIX siècle du XVIIe siècle (Point J sur le plan). Dieu le Père, reste de l'ancien retable.
Photos J. Omnès
La seule cloche sauvée de la Révolution, elle servait pour annoncer le tocsin ou les séances des assemblées révolutionnaires;
Beau bénitier en marbre noir dit des Cagots. Ceux-ci étaient fort nombreux à Saint-Pé et avaient leur quartier près du Gave, au fond de la Culaque (vers Norma Sud).
LE TABLEAU ENIGMATIQUE,
toile des XVII-XVIIIe siècles, restauré en 1988-1989 par l'atelier Eczet.
Il représente deux St Antoine, à gauche, saint Antoine l'anachorète, dit le Grand ou l'Egyptien et à droite saint Antoine de Padoue. Mille ans les séparent. En dehors de leur nom, ce qui les réuni est semble-t-il leur rapport aux animaux..
Le premier, ermite de la fin du IIIe et début du IV siècle, vivait dans une grotte, puis dans le désert, en Egypte, au bord de la mer Rouge, loin de toute présence humaine. A la recherche d’ascétisme, il réussissait par la pensée à vaincre les tentations du diable qui prenait l’apparence d’animaux divers, dont de reptile, ici présent sur la toile. Mais ces attaques ne le dérangeaient pas dans sa lecture des Saintes écritures. Il parait qu’il vécut 105 ans, le temps d’apprivoiser un cochon sauvage aussi présent sur la toile. Il est considéré comme un « dresseur d’animaux », capable de protéger par invocation de leur maladie, dont la rage. Pour certains auteurs, le cochon qui l'accompagne généralement dans son iconographie nous viendrait non de sa vie, mais de la fondation en 1091, de l'ordre des Antonins qui seuls avaient le droit de sortir leurs cochons mais avec une clochette. Son disciple fut Macaire.
Remarque de Réformés (1) : ces légendes qui attribuent à chacun des saints évoqués, des pouvoirs particuliers sur les animaux est un thème récurent de Saint-Pé. Antoine le Grand fut le premier ermite, et l’instigateur du raisonnement qui aboutira à la pratique de la réclusion pour certains religieux. Sa démarche de s’éloigner des hommes pour se rapprocher du divin ressemble beaucoup à ce que pratiquaient les Celtes dans leur recherche du salut par une ascèse héroïque. Mais, dans l’Evangile de Saint Marc (6.31) Jésus n’aurait-il pas dit à ses disciples : « Venez à l’écart dans un lieu désert, reposez-vous un peu. » Pour Antoine, cela a fait un peu de 85 ans ! Se retirer dans le désert ce n’est pas pour se confronter à l’ennemi (ici le démon sous toutes sortes de formes) ou rechercher une performance personnelle au lieu de regarder vers Celui qui sauve, le Christ ? Ce retrait du monde n’est nullement indispensable pour obtenir le salut. Ce n’est qu’une invitation au repos provisoire de l’âme et du corps.
(1) Carol Larrey Ces lieux qui parlent, éditions Excelsis, 2018, page 72
Le second Antoine, à droite, est saint Antoine de Padoue. Disciple de saint François. Ce franciscain né au Portugal a eu une orientation religieuse opposée à son homonyme. Son univers était le prêche au milieu des foules. La légende rapporte qu’un jour, à Rumini, comme personne ne l’écoutait il se retourna vers le fleuve et se mit à parler aux poissons. Ceux-ci émerveillés par les paroles du prêcheur s’agglutinèrent devant lui. Il parait que son auditoire humain vexé se décida à en faire autant.
Photo Éric Bielle de Lourdes
Vitrail La vierge à l'Enfant terrassant le diable d'une lance en forme de croix.
La sacristie et ses belles boiseries XVIIIe siècle, fontaine en pierre du pays. Application de la loi de 1905 pour l'inventaire. Celui-ci ne s'est pas fait dans la sérénité. Fonds A. Dole
Un pape venant de l'abbaye de Saint-Pé ?
Il est mentonné sur plusieurs sites Internet que l’abbaye de Saint-Pé-de-Générès a été à l’origine d’un des sept papes d’Avignon (1309-1376). Il s'agirait de Guillaume de Grimoard devenu Urbain V.
Urbain V. Photo Wikipedia
Qu’en est-il exactement ?
L’abbaye de Saint-Pé, comme celle de Saint-Savin ou de saint-Orens faisait partie du maillage des abbayes bénédictines du Midi de la France dirigées par les bénédictins et dont le siège était à Saint- Victor de Marseille.
En fait, Guillaume de Grimoard, a été abbé de Saint- Germain- d’Auxerre, puis de Saint-Victor en 1361, Il fut élu pape sous le nom d’Urbain V en 1362.
Ce n'est éventuellement qu'à titre d’abbé de Saint-Victor qu’il aurait pu intervenir dans les affaires de l’abbaye de Saint-Pé, dont le père abbé était à l’époque Hugues de Laas 1338-1341 puis 1358-1361.
Chapelle Saint-Marc
Elle est située à la sortie du village sur la route de Lourdes. On ignore l'époque de sa fondation. Par contre, nous avons des textes affirmant sa présence au XVe siècle. Elle était administrée par une Confrérie qui s'appelait "Confrérie Blanche de N-D et de Saint-Marc. Considérée comme le mausolée de la famille Nicolau-Batbie, elle regroupait 40 familles du village. Vendue comme bien de la Nation à la Révolution, elle est depuis juillet 1999, propriété de la commune. La toiture et l'intérieur ont été rénovés.
Chapelle du petit séminaire
Le petit séminaire a été fondé en 1822. Les bâtiments utilisent partiellement, dans l'aile Est, des vestiges de l'ancienne abbaye. Ils s'ordonnent autour d'une cour rappelant un cloître. Au sud-ouest de cette cour, la chapelle est l'élément le plus remarquable de l'ensemble. Ce "petit séminaire" est devenu Collège ou institution libre, puis Lycée Saint-Pierre jusqu'en 1994 ou 1999, date de sa fermeture. Depuis, les batiments recherchent preneurs. Une congrégation des chrétiens d'Orient serait intéressée. Le "cloître". Photo J. Omnès
Fonds A.Dole
La chapelle :
Elle se trouve dans un ensemble de bâtiments dont les origines remontent à 1022, lors de la fondation du monastère bénédictin. Restauré par les moines de Saint-Maur au XVIIe siècle, le monastère a été ravagé par les Huguenots en 1569, puis abandonné lors de la Révolution. Racheté, du moins ce qu'il en restait par l'abbé Procope Lassalle pour en faire un séminaire en 1822, il fut alors entièrement reconstruit pour sa nouvelle destination.
La chapelle telle que nous la voyons fut édifiée en 1856 par l'architecte Dausset
Il s'agit d'un édifice de style néo-roman à nef unique se terminant à l'ouest par un chevet composé d'une abside centrale à pans coupés, bordé de deux absidioles. La nef est couverte d'un plafond polychrome. L'ensemble évoque les basiliques paléochrétiennes ou carolingiennes. Les quelques chapiteaux romans doubles, historiés ou à décor végétal proviennent du cloître disparu de l'abbaye. Une partie de l'édifice de 1856 fut modifiée et agrandie en 1930, par l'architecte Martin.
Si quelques chapiteaux nous présentent de simples feuillages à triple volutes, d’autres admirablement composés évoquent plusieurs passages du Nouveau testament. Le premier double chapiteau présente l’annonciation, la visitation, la publication sur la montagne de la venue du Sauveur et l’adoration des bergers. Le second, l’arrivée des mages chez le roi Hérode, à l’étable de Bethléem et la présentation au temple. Ils ont été remontés sur des colonnes de marbre afin de supporter la tribune de l'orgue.
Deux ensembles picturaux ornent l'abside majeure : en partie supérieure, le cul-de-four abrite une fresque monumentale de Dauvergne. C'est une commande de l'Etat en 1859, qui représente la parabole du Christ laissant venir à lui les petits enfants. Au registre inférieur, les arcatures sont couvertes par dix toiles marouflées de René Marie Castaing. Elles représentent en pied des saints locaux ou représentatifs de l'histoire religieuse en France depuis les origines.
Les chapiteaux avec la fresque et les peintures, le mobilier, l'orgue et bien d'autres éléments sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments historique depuis août 2000, ils témoignent de la richesse ornementale des lieux
Propriété : le petit séminaire et sa chapelle étaient la propriété d'une association source.loomji.fr/seminaire-23571.htm.
Celle -ci a vendu l'ensemble immobilier en 2017 à l''Eparchie maronite Notre-Dame du Liban de Paris
Sur la voûte du choeur la fresque de A. Dauvergne. Le plancher de 'orgue supporté par les colonnes et chapitaux
Photos J. Omnès
Fresque d'Anatole Dauvergne
Sous la fresque deux des saints locaux peints par René- Marie Castaing. Photos J. Omnès
Chapelle des soeurs du désert de l'Immaculée
Sur les hauteurs de Saint Pé, après Rieulhes, au monastère des moniales de Bethléem, une chapelle moderne se cache aumilieu des bois de buis, dans un centre monacal en pleine nature
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À droite et gauche, stalles pour les soeurs. Photo J. Omnès
HAMEAU DE RIEULHES
Avant d'arriver à Saint-Pé sur la gauche. Chapelle dédiée à l'archange saint Michel. Elle permettait aux habitants d'éviter d'aller jusqu'à Saint-Pé pour suivre la messe. Elle a été édifiée en 1892 et inaugurée officiellement en 1898, par le père Lacrampe Quinta, missionnaire du Sacré-Coeur-de-Bétharram, sur un terrain appartenant à sa famille. Les habitants apportèrent bénévolement leur contribution pour les travaux. La chapelle resta dans la famille Quinta jusqu'en 1994-95, date à laquelle elle fut rachetée par la commune de Saint-Pé-de-Bigorre.
Chapelle de Rieulhès et son chevet. Photos J.Omnès
Intérieur simple et sobre. Photo J. Omnès
En complément : l’abbaye de Saint-Sever-de-Rustan
Historique
Les moines bénédictins installés près du tombeau de saint Sever, décédé au VIe siècle, auraient après sa mort vers le VIII e siècle, commencé à construire une abbaye, dans son environnement d’influence, au nord-est de la Bigorre. De cette fondation, il ne reste aucune trace tant écrite que matérielle. Il a fallu attendre le début du XIe siècle pour l'abbaye sorte de l’ombre, lorsque le duc de Gascogne Sanche Guillaume demande en 1022, à ces moines d’aller édifier un monastère à Saint-Génères devenu Saint-Pé. Ces fondations bénédictines cisterciennes, avec celles de Saint-Orens et celles de Saint-Savin, faisaient partie du réseau de Cluny et étaient rattachées à l’abbaye Saint-Victor de Saint-Maur près de Marseille. Dotés de nombreux legs et donations par les seigneurs locaux, la discipline se relâcha rapidement, si bien qu’en 1087 les moines de Saint-Maur durent réformer profondément les règles de Saint-Sever (et celle de Saint-Savin). Ces rappels à l’ordre s’amplifièrent en 1337 avec un nouveau règlement, puis vers 1365, et en 1629 pour le respect du règlement de 1602. Le père abbé dut incarcérer le plus indiscipliné des récalcitrants. Mais le relâchement des mœurs, les désordres, l’indiscipline s’amplifiant, un système de bons et mauvais points fut installé mais basé sur des récompenses d’ordre matériel « l’attrait pour le lucre ne pouvait évidemment pas réformer les mentalités » Un nouvel appel aux moines de Saint-Maur fut nécessaire afin de faire respecter les règles de saint Benoit.
L’arrivée des Mauristes.
Le premier travail des Mauristes fut de vider l’abcès en offrant aux moines une rente annuelle de 250 livres pour leur départ. Puis commencèrent des travaux considérables des immeubles ravagés en 1573, par les Huguenots, puis par un important incendie au XVIIe siècle. Les pères abbés se lancèrent à la reconstruction des bâtiments meurtris. Rien n’était trop beau pour Dieu …et les moines. Durant trois siècles furent restaurés et élevés église, chapelles, cloître, jardins, salle capitulaire, réfectoires, dortoirs, cuisine, remparts. L’argent des domaines ruraux, des dons, legs étaient tels que le luxe fit rapidement son entrée et s’imposa au grand dam de la populationlocale pauvre. Les lieux prirent le nom de « Petit Versailles gascon. »
La Révolution
L’ordre religieux supprimé, les neufs moines partis, les bâtiments sont réquisitionnés et deux inventaires sont alors réalisés. Ils révèlent le luxe incroyable des lieux. Les cloches et les métaux sont envoyés à la fonte, le mobilier est vendu, certaines bâtisses sont transformées en hôpital. Les bâtiments conventuels sont vendus en 1795, et la municipalité devient propriétaire de l’église et de la sacristie. L’orgue est envoyé en 1815, à la demande du préfet à l’église Saint-Jean de Tarbes (1).
Aux siècles derniers
Les bâtiments sont vendus aux enchères en 1889, par le propriétaire, la famille Merens qui avait acquis les biens en 1795. La mairie les rachètent, mais pour récupérer sa mise de fonds, elle vend à la découpe nombre de ses bâtiments : moulin, ferme, cloître (qui se trouve au jardin Massey). En 1890, la mairie et l’école s’installent dans l’aile des hôtes, puis en 1910 c’est au tour de la Poste. Grâce aux amis de Saint-Sever de Jean Castex et Christian Crabot, les campagnes de sauvetage et de restauration se mettent en marche avec le soutien financier du Ministère de la Culture. En 2010, l’ensemble abbatial est devenu propriété du département des Hautes-Pyrénées
(1) Il se trouve maintenant à la collégiale de Castelnau-Magnoac
Plan du "Petit Versailles gascon" par Thibaut de Rouvray
En supplément Bétharram situé à la frontière de la Bigorre-Béarn
Façade XVIIe du site Calvaire. Photos J.Omnès
À lire :
Saint-Pé-de- Bigorre, Thibaud de Rouvray, édition Guillaume Mauran, 2020
L'histoire de Saint-Pé de Bigorre des origines à nos joiurs par Pierre Pomès, société académique des H-P, 1987
Ces lieux qui parlent de Carol Larrey, éditions Excelsis, 2018